24 janvier 2012

L'Amour dure trois ans

Première expérience à la réalisation pour Frédéric Beigbeder, qui adapte ici son propre roman éponyme. Malgré quelques bifurcations (notamment la présence du livre dans le film), l'histoire reste celle de Marc Marronnier, un critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit. Véritable homonyme assumé de Beigbeder, ce personnage essuie un divorce et écrit alors un roman sur la futilité du sentiment amoureux. Mais bientôt, il rencontre Alice, la compagne d'un cousin, pour laquelle il s'éprend dès les premiers instants. Trahisons, non-dits, marivaudages... le jeune mondain accompagne le spectateur dans sa vie banalement compliquée, dans laquelle la question de l'amour prend toute sa place et trouve peu à peu des réponses.
Il faut le dire, L'Amour dure trois ans se regarde avec le sourire, et parfois même des rires ponctuels. Beigbeder, connu dans la sphère médiatique pour sa désinvolture presque élégante, assume totalement ici le genre de la comédie. Bon choix pour ce premier film, certes assez léger (si le ton reste familier, on s'éloigne du politiquement incorrect de 99 francs) mais qui évite de tomber dans la prétention que l'on pouvait craindre au départ. L'Amour dure trois ans est une vraie comédie romantique qui, plus que de l'assumer, joue avec l'artificialité du genre et ce dès un générique kitsch type super 8. Le réalisateur semble avoir trouvé le bon ton, car si son film ne prétend pas être plus que ce qu'il n'est, il garde néanmoins un second degré cynique, une ironie latente ; bref, une certaine marque de fabrique que l'on ne connaissait alors qu'à l'homme de littérature et que l'on découvre agréablement au cinéma.
Les références pleuvent mais (heureusement) elles ne cimentent pas les bases du scénario. A la fois populaire et critique, le film de Beigbeder plaît car il sait se faire plaire : dialogues savoureux, regards caméra participatifs à la Honoré, effets « pop » avec des incrustations à la Klapisch... C'est aussi grâce à un Gaspard Proust inspiré que le réalisateur parvient à trouver ce bon ton, ce dernier ayant trouvé le compagnon de jeu parfait pour incarner ses propres névroses. Louise Bourgoin, magnifiée de la tête jusqu'aux talons (on ne verra pas ses pieds en forme de p'tit Lu) est joliment fantasmée dans sa mise en image. Les seconds rôles aussi ont la part belle de Joey Starr, de nouveau étonnant, à Valérie Lemercier.
Très contemporain, parfois limite dans ses effets scintillants et souvent dans la caricature (le couple du libertin et de la nymphomane...), L'Amour dure trois ans reste avant tout une comédie rafraichissante, assez jouissive lorsqu'elle dépeint un milieu mondain subitement hédoniste après trois shooters mais qui s'émut réellement avec du Michel Legrand, ou lorsqu'elle divague dans ses délires décalés. Finalement, un film qu'on voudrait conseiller à ses amis.


Réalisé par Frédéric Beigbeder
Avec Gaspard Proust, Louise Bourgoin, Joey Starr
Film français | Durée : 1h38
Date de sortie en France : 18 Janvier 2012

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