Davis, 16 ans, deale des stupéfiants pour rentrer dans le moule. Angel, 15 ans, fait corps avec la dure loi de la banlieue et se fait arrêter pour vol de voitures. Butch, impulsif, bestial quand on le cherche, agresse un officier. Jeunes, différents mais violents, ils sont internés dans la prison pour délinquants juvéniles d'Enola Vale, aux Etats-Unis. La guerre commence et deux choix s'imposent : souffrir en victime ou martyriser en caïd.
C'est le deuxième long-métrage du réalisateur français Kim Chapiron. Après avoir remué et partagé la critique avec Sheitan, un film de genre mélangeant violence, sexe et humour dans un cocktail jouissif et déconcertant, Chapiron aborde cette fois le grand continent. Dog Pound – « la fourrière » en français – n'en demeure pas moins subversif : prenant place dans un centre pénitencier pour adolescents, le réalisateur signe un film froid, dur, implacable.
Chapiron cherche le plus grand réalisme possible : entouré d'acteurs non professionnels, la force des personnages n'en ressort que plus forte et acerbe (le caïd du centre est un vrai prisonnier, l'acteur principal a séjourné deux fois en prison pendant le tournage...). Rappelant le Punishment Park de Watkins ou Hunger de McQueen dans son naturalisme aigu, Dog Pound s'impose comme une chronique qui frôle le documentaire dans sa volonté de démonstration. La mise en scène de Chapiron se veut le plus proche possible de ses trois protagonistes. Souvent en multicam, cadrages serrés et caméra épaule lorsque la tension s'accentue, le réalisateur cherche une vérité de ton qui s'avère terriblement efficace. Le spectateur s'attache autant à ces graines de criminels, qu'aux gardes subtilement humanisés (la séquence du meurtre est d'une rare intensité). Dog Pound interroge, pose les jalons d'une société aseptisée, sévérisée, tout en restant un vrai huit-clos psychologique et pulsionnel. Si le scénario révèle aux moments clés quelques faiblesses – la chorale de narration peine globalement à trouver la bonne harmonie – reste que le film de Chapiron, cruellement simple, n'a que peu à prouver pour convaincre. Enchainant les séquences allumées avec des parenthèses clipesques étonnantes (la musique acoustique douce qui revient avant chaque crise), le réalisateur parvient à capter tant la violence que la perdition de ces jeunes en dérive.
Virulent, le film de Chapiron bouillonne d'intelligence en évitant toute sensibilisation prolixe pour un sujet dangereux en raison des nombreux clichés qu'il figure. Au contraire, Dog Pound s'impose comme un vrai métrage de témoignage, pertinent et d'ores et déjà au panthéon des films de chiens enragés.
Réalisé par Kim Chapiron
Avec Adam Butcher, Shane Kippel, Mateo Morales
Film américain | Durée : 1h31
Date de sortie en France : 23 Juin 2010
C'est le deuxième long-métrage du réalisateur français Kim Chapiron. Après avoir remué et partagé la critique avec Sheitan, un film de genre mélangeant violence, sexe et humour dans un cocktail jouissif et déconcertant, Chapiron aborde cette fois le grand continent. Dog Pound – « la fourrière » en français – n'en demeure pas moins subversif : prenant place dans un centre pénitencier pour adolescents, le réalisateur signe un film froid, dur, implacable.
Chapiron cherche le plus grand réalisme possible : entouré d'acteurs non professionnels, la force des personnages n'en ressort que plus forte et acerbe (le caïd du centre est un vrai prisonnier, l'acteur principal a séjourné deux fois en prison pendant le tournage...). Rappelant le Punishment Park de Watkins ou Hunger de McQueen dans son naturalisme aigu, Dog Pound s'impose comme une chronique qui frôle le documentaire dans sa volonté de démonstration. La mise en scène de Chapiron se veut le plus proche possible de ses trois protagonistes. Souvent en multicam, cadrages serrés et caméra épaule lorsque la tension s'accentue, le réalisateur cherche une vérité de ton qui s'avère terriblement efficace. Le spectateur s'attache autant à ces graines de criminels, qu'aux gardes subtilement humanisés (la séquence du meurtre est d'une rare intensité). Dog Pound interroge, pose les jalons d'une société aseptisée, sévérisée, tout en restant un vrai huit-clos psychologique et pulsionnel. Si le scénario révèle aux moments clés quelques faiblesses – la chorale de narration peine globalement à trouver la bonne harmonie – reste que le film de Chapiron, cruellement simple, n'a que peu à prouver pour convaincre. Enchainant les séquences allumées avec des parenthèses clipesques étonnantes (la musique acoustique douce qui revient avant chaque crise), le réalisateur parvient à capter tant la violence que la perdition de ces jeunes en dérive.
Virulent, le film de Chapiron bouillonne d'intelligence en évitant toute sensibilisation prolixe pour un sujet dangereux en raison des nombreux clichés qu'il figure. Au contraire, Dog Pound s'impose comme un vrai métrage de témoignage, pertinent et d'ores et déjà au panthéon des films de chiens enragés.
Réalisé par Kim Chapiron
Avec Adam Butcher, Shane Kippel, Mateo Morales
Film américain | Durée : 1h31
Date de sortie en France : 23 Juin 2010