24 mars 2011

Ma part du gâteau

Nouveau Klapisch qui, après Le Péril jeune, L'Auberge espagnol ou Les Poupées russes revient derrière la caméra pour un nouveau film mettant en scène les non moins connus Karin Viard et Gilles Lellouche. La première est une mère de famille durement licenciée de son entreprise à Dunkerque. Sur un coup de tête, elle part à la capitale et trouve un boulot de femme de ménage. Le second est le trader qui l'embauche, un homme froid régi par l'argent, les bourses et les chiffres indescriptibles. Un monde les sépare mais ils partagent le même toit le temps d'un instant, et d'un film.
Cédric Klapisch nous avait habitué à rire davantage dans les salles obscures. Malgré ses respirations de légèreté, Ma part du gâteau grince un peu plus que les autres. Si le bordel du monde n'a pas changé à celui présenté dans L'Auberge espagnol, ici le réalisateur rentre totalement dans le sujet, jusqu'à se diriger vers des archétypes parfois border line, pour parler franglais comme bon trader qui se respecte. Car il y a rapidement un peu de réchauffé dans ce scénario simpliste, qui se concentre sur une rencontre oxymore et bientôt tragique. France, terrienne, adorable, adoucie Steve, macho côté en bourses qui fait la gueule quand une modèle refuse de coucher le premier soir... Alors évidemment, elle devient sa conseillère de cœur. Du coup, Klapisch semble s'incliner facilement à l'écriture de ces séquences de partage qui apparaissent finalement aussi artificielles qu'elles le sont vraiment. On ne s'ennuie pas, mais dans un coin de la tête on pense aux dialogues savoureux de Tomasi, Xavier et leurs potes. La forme est aussi radicale que le fond, à en devenir gênant. L'intrigue aurait certainement gagné à être plus ouverte tout en n'empêchant pas le propos de rester impartial.
Les cumulus présentés, parlons désormais du soleil qui s'y cache derrière. Car malgré ce cloisonnement austère dont nous a peu habitué le cinéaste, Ma part du gâteau reste un bon film, plaisant et plutôt pertinent. Son duo de comédiens fonctionne parfaitement, et évite à la caricature de gâcher le spectacle. Karin Viard est particulièrement vraie dans ce rôle de mère populaire, tendre bien que malmenée, au prénom pas si innocent. Derrière ses fautes d'orthographe, le film parvient à trouver une justesse bienvenue, même dans son élan romanesque final qui laisse dévoiler à sa protagoniste un sourire qui en dit long. Techniquement au point, servi d'une belle photographie, le film de Klapisch séduit peut-être un peu moins mais trouve largement son intérêt dans son époque. Tout le monde pourra, sans trop de problèmes, y trouver sa petite part du gâteau...


Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Karin Viard, Gilles Lellouche, Audrey Lamy
Film français | Durée : 1h49
Date de sortie en France : 16 Mars 2011

7 avis gentiment partagé(s):

Wilyrah a dit…

Je suis assez d'accord avec cet avis. Une bonne surprise pour un film dont je n'attends rien. On passe un bon moment et c'est l'essentiel :)

Squizzz a dit…

Pas exempt de défauts, pas le meilleur Klapisch, mais ta dernière phrase est juste, on finit par trouver la part du gâteau qui nous convient ;)

neil a dit…

Les caricatures du film m'ont gêné, j'ai trouvé le film manichéen et sans grand intérêt. Je préfére largement d'autres films de Klapisch

Marcozeblog a dit…

Je suis d'accord, il n'est pas parfait mais j'ai passé un bon moment. Pour moi, il n'est pas caricatural comme on le lit partout ...

Christophe a dit…

Durant cent bonnes minutes, Ma part du gâteau n’est rien d’autre qu’une comédie romantique bien consensuelle. Ainsi, après avoir opposé de la manière la plus manichéenne qui soit l’existence de l’ouvrière altruiste et courageuse à celle du financier sans scrupule -la première étant comme il se doit marquée par la solidarité et la joie de vivre, malgré le dénuement, la seconde se déroulant dans un cadre luxueux, mais dépourvu de chaleur humaine- vient le moment de la rencontre, qui verra le capitaliste cynique progressivement s’humaniser et la prolétaire vivre un conte de fées. Une structure scénaristique des plus éculés.

Si on ajoute à ces situations stéréotypées des dialogues parfois consternants (votre fils vaut bien plus que de l’argent, lance France à Steve), un symbolisme facile (le choix des prénoms) et une mise en scène parfois exaspérante par son côté branché, on comprendra que l’on a du mal à contenir son agacement. D’autant que Klapisch a de toute évidence l’ambition de faire ici une fable sociale (il confie avoir été influencé par Ken Loach), alors qu’il ne fait qu’accumuler les clichés.

Ma part du gâteau évite néanmoins in extremis de sombrer dans la guimauve par sa fin âpre. Cependant, après tant de bons sentiments, celle-ci apparaît pour le moins incongrue. On n’y croit pas. Ou alors on ne l’attendait plus.

Reste tout de même la qualité de l’interprétation et quelques scènes assez drôles (voir la séquence où France apprend à repasser en prenant un accent des pays de l’Est). Insuffisant, toutefois, pour passionner. Bref, une part de gâteau un peu indigeste

Jérémy a dit…

Wilyrah : J'ai passé un bon moment, oui. Après si ça été une "surprise" c'est uniquement car je n'attendais pas Klpasich sur ce terrain là. C'est intéressant, un peu maladroit quand même je trouve.

Squizzz : On va dire que le dessert fait bien digérer sans non plus exceller dans la saveur. Un peu comme une coupe trois boules (citron, framboise, cassis de préférence ;)).

Neil : Je préfère les autres aussi (surtout 'Le Péril Jeune' et les aventures de Xavier), et bien que je reconnaisse un certain manichéisme un peu maladroit, j'ai trouvé le tout quand même agréable.

Marcozeblog : Il est un peu caricatural quand même (le méchant trader responsable face à la gentille dame de ménage victime...). Mais tant que le moment passé est bon c'est le principal !

Christophe : La fin est assez discutable, mais j'ai trouvé qu'elle crédibilisait un peu la sincérité du cinéaste sur son propos.

Gagor a dit…

Je n'ai pas du tout aimé le film, et n'ai retrouvé la patte de Klapisch (que j'adore), que dans les cinq dernières minutes. Mais il faut attendre longtemps, et le gâteau n'est pas assez copieux...

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