13 mars 2011

La Permission de minuit

David est un médecin acharné, touchant la retraite du bout des doigts, qui s'occupe entre autres du jeune Romain, un enfant de la lune qu'il soigne depuis tout petit. Très attaché au garçon, pourtant David se voit accepter une mutation désirée depuis longtemps.
La jeune Delphine Gleize est plein de bonnes intentions. La Permission de minuit confronte une nouvelle fois Vincent Lindon à ce héros du quotidien qui lui colle à la peau, ici médecin profondément meurtri par un dilemme qui le divise entre son rêve personnel et son attache extérieure à ce jeune malade. Mais à défaut d'écarter sans concession le pathos et les facilités émotionnelles, Gleize fait rapidement basculer son drame dans une complexité distante et froide, que le rythme, plat malgré toutes tempêtes, vient douloureusement alourdir. Sans langue de bois, La Permission de minuit ennuie.
Le film ennuie d'abord par le traitement de ce protagoniste, tellement en retenu qu'il paraît intouchable. Lindon est encore une fois très bon, mais expert en son domaine. Sorte de Simon tout aussi convaincu que dans Welcome, il n'y a aucune surprise et, étrangement, aucun risque pris quant à la direction d'acteur. Le personnage de Romain frustre tout autant. La justesse du comédien s'oppose à la platitude de ses actions et cette pudeur hormonale si détestable au cinéma. C'est uniquement lors de cette scène, où corps à corps les adolescents se découvrent et se dévoilent, que quelque chose se passe à l'écran, du geste maladroit de Romain pour enlever le soutien-gorge à la remarque spontanément délicieuse de la jeune fille qui parle de son bronzage au sein. Ailleurs, la puberté est balayée, ne s'exprimant que dans des maladresses incongrues comme cette réplique vide de sens - « J'ai fait l'amour » - qui vient conclure le dernier entretien entre le médecin et son enfant malade. De même, Romain ne semble jamais convainquant lorsqu'impulsif et vexé il tourne le dos au médecin, ou lorsqu'il revient en récitant linéairement un texte qui pouvait pourtant avoir beaucoup de sens...
Mais surtout La Permission de minuit ennuie car, malgré son titre, il ne se permet rien. Les plus belles images restent les gros plans de ses comédiens, beaux à leur manière. Autrement, le montage vient parfois même à s'égarer dans un match de rugby ou dans une lecture de lettre en off, indigeste de sensiblerie. Ne restent alors que ces regards et ces moments de silence si bien amenés par Lindon, qui en disent beaucoup plus que les dialogues souvent maladroits.
Finalement, le film donne le goût amer d'un téléfilm service public acceptable dont seule la présence des acteurs justifie le ticket de cinéma. Or, malgré la redevance, allumer sa télé reste quand même économiquement moins frustrant que de regretter le précieux ticket...


Réalisé par Delphine Gleize
Avec Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Caroline Proust
Film français | Durée : 1h50
Date de sortie en France : 23 Février 2011

3 avis gentiment partagé(s):

Squizzz a dit…

Pour commencer par une note positive : c'est sympa de te voir de retour après cette petite période d'absence. Dommage que ce soit avec une critique si négative. Pas grand chose à dire, si ce n'est que je suis pas du tout d'accord avec toi (ce qui est assez rare pour le noter !), mais bon vu que t'as lu ma critique tu le sais déjà ;)

Jérémy a dit…

Oui j'ai fait une petite pause cinéma (emploie du temps chargé et ça fait du bien aussi ;)). J'ai été d'autant plus déçu en retournant dans la salle obscure devant de drame qui m'a pas touché le moins du monde... C'est assez rare que l'on ne soit pas du tout d'accord ! Sur ce film c'est peut-être une question de sensibilité...

inthecrazyhead a dit…

Tout à fait d'accord ! En plus d'être plat, le film est pratiquement ennuyeux du début à la fin. Certes, il a ses petits moments d'éclats (scène d'amour, accident de voiture, ...) mais qui ne parviennent jamais à le faire démarrer pour de bon. Ennui total, ce qui est fort dommage car cela me conforte une fois de plus dans mon impression que le cinéma français est extrêmement maladroit et bancal, si ce n'est pas carrément mauvais des fois.

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